Le syndrome de la superwoman : tout faire, à quel prix ?

Déléguer pas échec

C’est s’offrir un peu de liberté

Dernier jour en Bretagne avant le retour à Paris. Un déjeuner en terrasse avec ma fille de 28 ans, son compagnon et son père. Nous partageons un moment simple, presque joyeux… jusqu’à cette phrase qui me laisse bouche bée :
« Si je prenais une femme de ménage, je crois que j’aurais échoué en tant que femme. »

Ma fille est avocate, tout comme son compagnon. Ils travaillent beaucoup, souvent sous pression. Leur emploi du temps est saturé : dossiers urgents, rendez-vous clients, vie sociale active, cours de chant, guitare… Bref, des journées bien remplies. Depuis longtemps, leurs proches leur conseillent de déléguer certaines tâches, au moins le repassage, pour gagner du temps. Elle refuse : « Je ne veux pas qu’un inconnu vienne chez moi. »

Jusqu’ici, je comprenais. Mais cette phrase sur “l’échec en tant que femme” m’a frappée de plein fouet. Pendant une seconde, j’ai failli me culpabiliser, me demander si j’avais échoué en tant que mère. Puis je me suis reprise : je sais que j’ai fait de mon mieux pour éduquer ma fille. Je n’ai pas été parfaite, bien sûr, mais quel parent l’est ? Cet instant m’a rappelé que, même si nous transmettons des valeurs à la maison, nous ne pouvons pas tout contrôler. La société, l’école, les médias ont encore un long chemin à parcourir pour déconstruire certains stéréotypes.

En cherchant à comprendre, elle m’a expliqué son raisonnement. Enfant, elle a grandi à Neuilly, entourée de femmes au foyer aisées qui ne travaillaient pas, mais avaient femmes de ménage, professeurs particuliers, tout pour se faciliter la vie. Elle ne veut pas reproduire ce modèle, qu’elle associe à un certain confort passif.

Je lui ai répondu : « Mais toi, tu travailles. Tu ne peux pas tout faire. Déléguer, ce n’est pas renoncer, c’est s’offrir plus de temps pour profiter de ton couple, de tes soirées. » Son compagnon était d’accord : il plaide pour une aide-ménagère depuis longtemps, d’autant que le crédit d’impôt rend la décision encore plus facile.

Ce déjeuner m’a poussée à réfléchir à cette croyance : une femme doit tout gérer, toute seule, pour prouver sa valeur. Un héritage invisible, mais tenace.

C’est ce qu’on appelle le syndrome de la superwoman : vouloir exceller partout – au travail, à la maison, dans sa vie sociale – au prix d’une pression énorme, d’une fatigue constante, parfois même d’un épuisement.

J’ai toujours refusé cette vision. Je me suis toujours considérée comme autonome, moderne, indépendante. Et dans notre famille, les tâches n’étaient pas réservées aux femmes : le père de ma fille cuisinait. Je crois profondément que nous avons le droit de nous ménager, de nous faire aider, et surtout de profiter de la vie.

Alors, à vous qui lisez ces lignes : jusqu’où allez-vous pour tout faire vous-même ? Et à quel prix ?
Déléguer, ce n’est pas échouer. C’est s’offrir un peu de liberté – et ça, c’est essentiel pour l’harmonie du corps et de l’esprit.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.