L’autre jour j’ai eu une conversation avec ma fille, l’une de ces conversations que une mère craint mais sait qu’un jour ou l’autre cela va arriver. Ma fille a commencé à penser à sa vie sexuelle et elle voulait que je l’accompagne à un centre pour le planning familial. Je la regardais tout en essayant de rester calme et de maintenir l’état d’une mère adulte, posée et neutre. Elle a 14 ans, bientôt 15 (ans) et elle a un petit chéri. Je la regardais pendant un petit moment sans rien lui dire, en pensant à moi-même si j’avais entamé cette discussion avec ma mère ; elle m’aurait tuée (je ne rigole pas). J’attends toujours qu’elle m’explique pour l’histoire de la menstruation pendant la puberté. Concernant mon éducation sexuelle, les bonnes sœurs (oui je suis allée dans un couvent) nous avaient montré un court métrage sur un accouchement d’une vache et d’un cheval. Je ne vois toujours pas aujourd’hui le rapport entre l’accouchement des animaux de ferme et celui d’un humain.
J’ai commencé à me dire en silence « sois positive au moins elle m’en parle avant de passer à l’acte ». Malgré mes expériences du passé je faisais de mon mieux pour me taire et lui prêter l’oreille. Je crois fortement qu’en tant que parent et malgré nos préjugés, nos croyances limitantes, nos histoires d’amour catastrophiques, nous devrons créer un climat de confiance qui va permettre à l’enfant de nous parler ouvertement, même si le sujet se révèle pénible et inconfortable. Je pense à toutes ces adolescences qui se sont suicidées parce qu’elles se croyaient mal compris et seules au monde.
Je lui ai posé des questions pour comprendre pourquoi elle voulait passer à l’acte maintenant. Des questions comme : ‘est-ce que c’est ton copain qui te met la pression », il est plus âgé, il a 16 ans et « Est-ce que tu es sûre que tu te sens prête ». Nous nous en avons discuté un bon quart d’heure et je lui ai aussi donné mon point de vue. Pour le moment nous sommes d’accord de revenir sur le sujet un peu plus tard. II n’y a pas le feu pour le moment, l’avantage c’est qu’elle est à Paris et lui il habite en Bretagne.
Plus tard dans la journée j’ai repensé à notre conversation. C’est vrai que la plupart des enfants surtout les filles sont plus mûres. II y a beaucoup plus de filles de 14 ans qui ont la maturité d’une fille de seize ans qu’à mon époque. Je me demande « est-ce que cette génération d’adolescentes est plus responsables que ma génération et si elles font le mieux pour éviter un enfant non-désiré ». Je n’ai pas toutes les réponses à ces questions?
En Angleterre le taux de grossesses chez les adolescentes est le plus élevé en Europe (j’espère qu’il ne montre plus le même film sur l’accouchement des vaches dans les écoles). Quoi qu’ils en disent, d’élever un enfant en tant qu’adolescent est dur. II y a tellement de responsabilités. J’étais une mère à 35 ans et même à cet âge je ne me sentais pas prête.
Voilà, en résumé je crois que je préfère lui donner mon accord et l’accompagner à un centre pour le planning familial, afin d’éviter une grossesse non-désirée, plutôt qu’elle passe à l’acte derrière mon dos et qu’elle soit responsable (et son copain aussi) d’un enfant non-désiré dans ce monde. II faut aussi que j’accepte l’idée qu’il est très probable que ma fille (comme la majorité des adolescentes) couchent avec plusieurs partenaires avant de trouver le bon. Les adolescentes, il me semble, arrivent à faire une différence entre le sexe et l’amour. Est-ce que c’était ça que les bonnes sœurs voulaient nous communiquer en nous montrant ce film avec les vaches?
Mais pour moi franchement quel parent peut envisager son adolescent passer à l’acte sexuel avec un inconnu, même si pour l’adolescente c’est leur Roméo ou leur Juliette. Je me souviens quand ma chérie était toute petite, toute innocente et elle portait des pyjamas roses avec des moutons. OK Je promets de travailler sur le fait que ma fille a grandi.
